« Awareness through Movement «
De quelle conscience s’agit-il ? Ou ne serais-ce pas plusieurs consciences ?
La leçon en groupe de la méthode Feldenkrais® nommée « Prise de conscience par le Mouvement »,suit un processus de coordinations, a son vocabulaire propre afin de guider le mouvement ; c’est aussi un processus qui nous entraîne à porter notre attention. Curieux-ses de nous-mêmes, nous entrons dans une forme d’intimité, de connaissance profonde.
Qu’on soit allongé-e au sol, assis-e d’une façon ou d’une autre, parfois debout, le cours se déroule avec une prise de contact avec soi-même, de l’observation et de l’écoute.Des repères s’installent sur lesquels le geste , le mouvement peuvent se développer. Guidé-e par la voix de l’enseignant-e, l’attention à soi au travers du mouvement se produit.
Pour cette expérience exploratoire ou expérimentation de la « Prise de Conscience par le Mouvement », de quelle conscience parlons-nous ?
Si en anglais 2 mots relèvent des deux définitions distinctes : « consciousness » et « awareness », le français n’a qu’un seul mot qui doit être compléter : en effet nous pourrions distinguer plusieurs consciences, plusieurs états de conscience.
Il y a la conscience de nos actes , qui peut devenir une conscience morale selon notre propre système de valeur.
Il y a la conscience comme savoir : elle s’oppose à l’ignorance ; elle peut aussi être une conscience de la connaissance qui conjugue celle des actes et celle d’un savoir crée par l’expérience, par de l’expérimentation.
Puis il y a une conscience d’éveil qui indique un état de présence à la réalité, qui est rarement stable.
Celle que nous traversons en Feldenkrais , lors d’une « Prise de conscience par le mouvement », pourrait être à la fois un état de corps qui nous rend présent à la réalité. Et si parfois on s’évade dans une rêverie, ou dans les pensées des soucis quotidiens, un état de présence, de se sentir disponible, s’invite de plus en plus rapidement, et fréquemment, par une pratique régulière. Le contact au sol, donner son poids au sol, deviennent les prémisses de cette présence spontanée à soi-même.
L’enseignant-e nous invite à sentir. Si ce sentir peut paraître mystérieux, ou lointain et nombre d’entre vous m’indique qu’il peut l’être, nous pouvons au cours de la leçon reprendre contact avec la sensation, avec un sentiment d’habiter notre corps.Ces moments où l’on passe d’une observation de soi extérieure , à une conscience comme sensation deviennent un puzzle qui de leçons en leçons, nourrit une image de soi plus complète.
Avec le mouvement nous pouvons prendre conscience des actions demandées, dans une attention affinée de nos coordinations, de l’intention que nous avons du geste, de la manière dont on l’agit. Nos façons de faire s’agrandissent et nous élargissent ; les habitudes sont plus souples.
La clé c’est « awareness » : que l’on peut traduire par l’attention vigilante. Cette attention peut être dirigée vers une partie de soi-même ; elle peut souligner une sensation, elle peut être plus globale, enveloppante. Cette attention vigilante mobilise non seulement une énergie mais mobilise un engagement dans l’action et sa qualité : la lenteur, l’écoute le contact à soi créent un « être avec » : nous sommes avec l’appui du sol , avec ce qui freine dans le mouvement, avec les limitations qui se lèvent, les mobilités nouvelles et ajustées aux anciennes, les habitudes et les mouvements non-habituels. Cette attention dans un « être avec », apporte calme et détente.
La conscience de soi, réflexive, à ce à quoi et par quoi nous avons pris conscience (des représentations, des habitudes, des potentiels ) vient objectiver la leçon tout en percevant un sentiment intérieur immédiat, dans un contact à soi immédiat : on se sent touché en soi, par soi-même.
Au moment de la fin de la leçon, des signes de retrait de l’enseignant-e sont perçues par l’élève. Des signes donnés par la voix, le rythme, la tonalité, un silence, voir même un rituel verbal pour clôturer, permettent à la personne de se retirer de cet engagement, de laisser l’attention se décentrer un peu d’elle-même pour se centrer sur l’environnement. L’état de corps modifié, le tonus modifié , la personne se lève et prend conscience de changements.
La leçon s’assimile et elle continuera d’être assimilée acceptée, dans la marche, au-dehors.